Ca, c'est Delhi.

Trois trucs à vous raconter :

• Pour que vous sachiez à quel point ça peut parfois être violent d'être une femme blanche (et pour les femmes indiennes aussi hein, mais je parle de ce que je connais), un petit exemple. C'est le pire de ce que j'ai vécu depuis que je suis en Inde mais je pense que c'est quand même très représentatif de la mentalité de la plupart des hommes ici, et du peu de considération qu'ils ont pour la femme en général. Samedi soir je me rendais à une soirée et j'avais 10 minutes à pieds à faire entre la station de métro et l'appart de mes potes. Sur ce chemin il m'est arrivé beaucoup de trucs et je me suis sentie très très seule et désespérée. D'abord, je passe sur les voitures qui ralentissent à mon passage, sur les deux mecs qui s'arrêtent juste pour me demander mon "good name", sur ma colère d'être prise pour une pute parce que je suis blanche. Le bouquet c'est surtout ce putain de mec qui m'a frappé (parce qu'alors qu'il se faisait dangereusement insistant je lui avais donné une claque, et comme une fille qui te frappe, quand t'es un mec indien, c'est la pire des insultes, il s'est un peu senti attaque dans son amour-propre, quoi) et a essayé de m'embrasser. Je ne sais même pas comment le dire, j'étais tellement choquée et triste, je me suis assise devant une station essence pour pleurer, et là un mec est venu me voir pour me dire d'appeler la police, qu'il m'avait vu, et quand je lui ai crié dessus pour lui demander pourquoi il n'était pas venu m'aider, il m'a dit qu'il pensait que c'était peut-être mon ami... Mais oui c'est ça bien sûr, mon ami qui me frappe c'est normal en Inde. Donc si je m'étais faite violer, autant dire que le mec ne serait sûrement pas venu non plus. Saloperie de passivité ! Le pire c'est tout ce mépris pour la femme que je ressens tellement souvent... Ça me tue qu'on soit aussi peu considérée, et de le ressentir à ce point. Je me dis qu'il faut avoir une sacrée estime de soi pour pouvoir continuer à marcher dans la rue la tête haute quand on est une femme en Inde.
• Deux choses plus cool maintenant. La première c'est que jeudi j'ai enchaîné trois trucs : Des chants soufis à la mosquée de Nizamuddin, un concert de rock et une boite de nuit. Trois types de musique qui ne se ressemblent pas, c'était intéressant ! Le concert de rock était super bien. Depuis le temps que je cherche des possibilités de sorties "alternatives", "underground" pour échapper à tous ces trucs surfaits de riches, ce concert m'a donné l'impression d'avoir trouvé ! Les musiciens étaient des étudiants, ils reprenaient plein de chansons connues et surtout le best : la chanteuse était une fille. Une fille indienne chanteuse dans un groupe ça m'a trop redonné espoir. Et les autres musiciens étaient bien sympas aussi, cheveux longs et compagnie... Un peu d'anticonformisme, ouf, ça fait du bien, c'est bien trop rare en Inde !
• Hier c'était Holi. C'est une des fêtes les plus populaires en Inde, mes amis l'attendent depuis des semaines ! On appelle aussi cette fête, dédiée à Krishna, fête des couleurs. Le but de la fête est de s'asperger d'eau (grâce à de superbes pistolets à eau !) et de poudres de couleurs. Les poudres de couleurs symbolisent l'égalité entre les êtres humains. Quand on est tous peinturlurés de la tête aux pieds, plus personne n'est blanc, noir, marron, jaune... Tout le monde est juste multicolore. Les festivités débutent quelques jours avant la jour j et je me suis prise quelques bombes à eau sur la tronche juste parce que j'avais eu le malheur de mettre un pied dehors ! C'est plutôt rigolo et il fait déjà très chaud ici, donc ça fait du bien ! Hier avec mes amis on est allés à un festival organisé à l'occasion de Holi. Je pense que ce genre de trucs est beaucoup encouragé par la municipalité qui préfère savoir que les jeunes s'amusent dans un cadre restreint plutôt que de les savoir dans la rue parce qu'honnêtement c'est assez ouf l'état dans lequel sont les gens : bourrés et défoncés. D'ailleurs, moi on m'avait même conseillé de ne pas sortir le jour d'Holi, de rester chez moi ou avec mes amis tellement les gens deviennent dingues. Le festival avait lieu dans une "farm", c'est à dire une maison posée en plein milieu d'un immense chant et 5 scènes proposaient des concerts tout l'après-midi (c'était de midi à minuit). Il y avait à manger et à boire et une très bonne ambiance. Tout le monde s'aspergeait et se lançait des poudres sur la gueule... Au final tout le monde avait une chouette allure : on avait tous mis nos plus moches vêtements et on avait tous des têtes improbables et multicolores. Enfin bref, c'était super cool, après-midi au soleil assise dans l'herbe avec mes amis et de la musique, sympa.

Comment vous me trouvez ?